Témoignages : un business online s’écroule avec la crise du Coronavirus
08 juin 2020
Savez-vous comment on peut passer du succès à la faillite en quelques semaines ?
Dans cet article, je vais vous expliquer comment cela m’est arrivé.
Mon entreprise à succès dans le monde du voyage et du tourisme s’est fait terrasser en quelques semaines seulement, malgré un bénéfice net de plus de 4 000 € par mois.
Comme beaucoup d’autres entreprises dans le secteur du tourisme, la crise actuelle est un drame pour nos business.
Si en début d’année, on m’avait dit que ce scénario serait possible, je n’y aurais pas cru.
Comment mon activité a pu s’effondrer en quelques semaines ? Comment suis-je passé du succès à la faillite ?
Aujourd’hui, je vous explique tout dans cet article.
Le projet principal, offrir le meilleur de Lisbonne aux voyageurs
Je vis depuis 2012 dans la magnifique ville de Lisbonne et j’adore trouver de bonnes adresses où aller, des pépites un peu secrètes que les autres ne connaissent pas.
Avec déjà plusieurs années d’expérience dans le web, je commence à réfléchir à l’idée de lancer un business en rapport avec le tourisme à Lisbonne pour y partager mes meilleures adresses.
Je regarde la concurrence, elle est très faible sur Google.
Il y a peu d’articles de qualité sur les différents monuments à voir et les différentes activités à faire.
Quelques articles de blogueurs voyageurs généralistes, quelques forums de voyage.
Quelques sites dédiés à Lisbonne mais dont l’autorité est faible (en regardant sur des outils comme Ahref par exemple).
Je pense qu’avec un gros travail de SEO, je peux atteindre le TOP3 pour toutes les principales requêtes liées au tourisme à Lisbonne.
C’est pourquoi je monte, en 2015, un blog consacré à Lisbonne.
Je compte y mettre mes endroits préférés.
Des restaurants aux différents lieux à visiter dans ma ville, tout sera répertorié. En 2015, le blog bonjourlisbonne.fr voyait le jour.
Le succès fut presque immédiat. La première année, mon blog comptabilisait plus de 60 000 visites uniques.
Un succès rapide, qui allait au-delà de mes espérances.
L’occasion était trop belle, il fallait que j’en tire profit.
Je décide donc d’ouvrir mon entreprise au Portugal. Pour faire tourner le site et m’aider dans mes démarches administratives, j’embauche un comptable.
Celui-ci m’épaulera sur le côté légal de l’entreprise également. Je commence également à démarcher de nombreux établissements. Je dresse un plan quadrillé de la ville et j’organise mon démarchage.
Je prends les lieux touristiques un par un pour leur proposer une affiliation et un partenariat. Restaurants, hôtels, bars, entreprises de transports, je ratisse large pour réussir à engendrer le plus de partenariats.
Les établissements sont confiants et enjoués de cette démarche. L’aventure commence vraiment.
Je mets également en place dans le même temps un planning pour offrir des visites guidées privées pour certains de mes clients.
Comme cela me prend beaucoup de temps, je commence à embaucher des freelances pour qu’ils puissent m’aider.
La rédaction de contenu nouveau, la gestion des partenariats ou encore la gestion des réseaux sociaux, la machine est en marche et elle commence à tourner avec la belle équipe qui travaille sur le projet.
Je rémunère mes nouveaux collaborateurs à l’heure ou au projet, à ce moment, c’est la chose la plus simple à faire.
Je m’occupe personnellement du référencement et de la communication. Petit à petit, je développe l’audience de mon site et les résultats sont au rendez-vous.
Quelques détails sur ma stratégie SEO et contenu
Tout d’abord, concernant le contenu, je vise à écrire des articles de plus de 1 000 mots sur tous les principaux musées, monuments et lieux d’intérêts pour les voyageurs.
Je cherche à faire les articles les plus clairs et complets possible.
J’optimise le SEO on-page, avec notamment le titre optimisé qui contient le mot-clé, des sous-titres H2 avec le mot-clé, et une URL courte qui correspond au mot-clé de l’article.
Je cherche ensuite à faire du SEO pour avoir le plus de liens possible, vers chacun de mes articles.
Je récupère la plupart des liens morts en rapport avec Lisbonne. J’invite des blogueurs connus et leur offre une visite en échange de visibilité.
Voici quelques techniques qui m’ont permis de récupérer des centaines de liens en moins de 2 ans.
Je suis allé cherché aussi les mêmes liens chez tous les sites qui ont cité mes concurrents (si un site cite un concurrent, il peut très bien vous citer aussi).
Je me suis inscrit dans des annuaires (cela marchait à l’époque).
J’ai publié des articles invités, avec un contenu qui apporte de la valeur et adapté aux lecteurs de chaque site qui reçoit mon contenu.
J’ai essayé de créer du contenu qui soit unique sur des nouvelles tendances.
J’avais par exemple écrit un guide pour investir dans l’immobilier à Lisbonne, à un moment où l’immobilier commence à prendre beaucoup de valeur.
Avec tout ce travail, et avec Lisbonne qui devient une ville tendance en 2017, mon trafic annuel bat des records.
En effet, de 60 000 visiteurs, je passe à 650 000 visiteurs uniques par an. Mes efforts sont enfin récompensés.
Côté finance, le compte de l’entreprise sort du rouge et passe en positif. J’arrive à dégager en moyenne 3 000 € de bénéfices par mois. Pour en arriver là, il m’aura fallu à peine 2 ans.
Le secteur du tourisme dépend beaucoup de la saisonnalité.
C’est pourquoi certains mois sont plus faibles que d’autres. Les autres mois comme avril, mai, juillet, août et octobre sont les mois qui me rapportent le plus de clients.
Les mois creux font varier mes revenus, mais la boite tient.
À ce moment de ma vie, je suis très satisfait de mon travail, mieux je suis heureux.
Les visiteurs sont ravis de mes services. Tout est parfait.
Développer Porto
Lisbonne était donc déjà bien lancée et il fallait que je développe mon activité. C’est tout naturellement qu’en 2017, je me tourne vers la ville de Porto.
Cette autre grande ville du Portugal regorgeait elle aussi d’un potentiel intéressant. En effet, j’avais à de nombreuses reprises eu l’occasion de visiter la ville.
Porto, comme toutes les villes du Portugal, est un endroit magnifique. Je lance donc bonjourporto.fr.
Comme je connais moins bien la ville, j’embauche de nombreuses personnes pour m’aider dans mes différentes démarches.
Le blog se lance doucement et les gens commencent à s’intéresser à la ville du nord de Lisbonne. Après deux ans à travailler sur cette région, j’arrive à me dégager un bénéfice supplémentaire de 1500 €.
C’est moins que pour Lisbonne, mais ça reste très correct, assez pour garder le site et continuer son développement.
L’erreur Barcelone
Première erreur dans mon parcours qui semblait parfait : miser sur la ville de Barcelone. Voulant m’échapper du Portugal et conquérir des villes d’autres pays latins, je me lance dans le tourisme en Espagne en commençant par Barcelone.
Malheureusement, le succès n’est pas au rendez-vous. Après 2 ans de service, le blog Bonjourbarcelone ne décolle pas.
Pire encore : il me fait perdre de l’argent. Étant une ville très populaire, Barcelone possède déjà de nombreuses entreprises spécialisées dans le tourisme.
Ces entreprises sont trop profondément implantées dans la ville, malgré mes efforts (notamment en SEO), je ne peux rien faire.
Je me tourne donc vers la décision la plus logique et je décide d’arrêter l’activité liée au site de Barcelone.
Ainsi, seulement, je pourrais conserver les bénéfices des deux autres villes.
Mon entreprise se porte bien, mais je continue de voir toujours plus grand.
Avec Rome, je pars à la conquête de l’Italie
De nombreuses fois, j’avais pu visiter Rome. Cette ville gorgée d’histoire et possédant un patrimoine architectural impressionnant méritait que l’on s’y intéresse.
Je lance donc mon 4e blog sur la ville de Rome, touristique mais pas trop concurrentielle. Et j’y applique les techniques des précédents. Le mot d’ordre est de ne pas trop investir pour le moment.
En 2019, mon blog Bonjourrome voit le jour. Les autres blogs tournants seuls, je passe mon temps sur le développement de ce nouveau blog.
J’embauche quelques personnes pour m’aider dans ma tâche. L’échec de Barcelone est encore frais, mais je n’ai pas l’habitude d’être défaitiste.
Fin 2019, les résultats tombent. Autant dire que je ne m’attendais pas du tout à cela.
Le site est très prometteur. Les demandes de visite affluent, le site tourne à plus de 50 000 visiteurs uniques par an.
Les clients aiment la ville et me le font savoir. Cette occasion est trop belle, la ville parait rentable et le blog ne désemplit pas. Il me faut le faire grandir et devenir la belle machine qu’est Bonjourlisbonne.
Je décide donc d’injecter beaucoup plus d’argent au développement du blog consacré à Rome. En fait, je mets presque la quasi-totalité de ma trésorerie dedans entre fin 2019 et début 2020.
Le potentiel de ce blog est trop important pour ne pas miser dessus.
Le succès est là, l'année 2020 sera Rome ou ne sera pas. De plus, je veux que tout tourne au millimètre avant l’été.
Pendant de nombreuses années, mon objectif a été d’offrir le meilleur service à mes clients. Qu’ils puissent être heureux et satisfaits de leurs vacances.
Qu’ils découvrent de nouvelles choses incroyables et je pouvais enfin leur offrir plus que le Portugal. Je leur offrai l’Italie également !
J’engage donc de nombreuses personnes, j’investis dans la communication, le SEO, et je charge des agences pour qu’elles s’occupent de la communication presse.
Tout est parfait, plus rien ne peut m’arrêter, mon entreprise est florissante.
Je suis confiant.
L’arrivée de la crise du Coronavirus entraine le plus gros échec
Un mois, c’est tout ce qu’il aura fallu pour me faire passer du triomphe à l’échec. En effet, avec l’arrivée de la crise du coronavirus, la totalité des clients ont dû annuler leur voyage.
Je m’attendais à tout sauf à cela.
Sur place, les lieux touristiques ferment un par un. Les établissements d’accueil des voyageurs tournent au ralenti, certains ferment leurs portes.
Le tourisme est stoppé net. Si le Portugal ne connaît pas de confinement, les frontières sont totalement fermées.
Rome, plus touchée par la crise, fait de même. Les rues sont vides, plus personne ne sort. Les monuments comme le Colisée ferment tous. Un mois aura suffi à briser de nombreuses années d’efforts.
De mon côté, je ne perçois plus de revenus. Je suis obligé de me séparer de mes collaborateurs. Je suspends complètement les activités des différents sites.
Mais si tout est suspendu, je continue à payer les charges de mon entreprise. Bien sûr, je ne me verse plus aucun salaire.
Malheureusement, je dois trouver l’argent pour payer mes charges comme le loyer ou l’alimentation. Je commence à demander de l’argent à mon entourage.
Mes amis et ma famille m’aident comme ils le peuvent et je leur en suis reconnaissant. Ma femme, également indépendante, ne touche plus aucun salaire non plus.
Mes partenaires ne me paient plus. Eux non plus n’ont aucune rentrée d’argent. Quelques-uns annoncent des retards de paiement.
En quelques semaines, j’ai connu le succès et la faillite. Personne n’aurait pu prévoir cette crise, aussi forte et aussi rapide.
Mon erreur ? J’ai voulu aller trop vite avec Rome. Investir tout ce que j’avais aurait pu être un coup de maître en temps normal.
Mais l’arrivée de cette crise a contrecarré mes plans. L’État portugais prend en charge les petites entreprises et les aide financièrement. Malheureusement, je ne suis pas éligible à l’obtention d’aides.
Tout ce que je peux espérer maintenant, c’est que le tourisme reprenne rapidement. On espère un peu de tourisme en juin voire juillet. Bientôt, je pourrai reprendre contact avec mes différents partenaires et repartir de plus belle.
Faire ce que je fais le mieux, offrir du rêve et des moments inoubliables à mes clients.
Dans cette crise, j’ai bien sûr une pensée pour mes confrères dans le tourisme. Je sais que beaucoup d’entre eux ne survivront pas à la crise actuelle, mais j’ose espérer qu’ils tiendront et pourront aussi reprendre leurs activités.
Bientôt, tout reviendra comme avant, je l’espère.